La résonance de la série Personne ne sort les fusils (anciennement CH VII.1) vient ponctuer également la temporalité établie dans l’exposition Le rêve en bleu avec L’établi. Au-delà de la simple collision avec le système en transformation, le début des années 2000 dévoile des formes de réification particulièrement radicales, poussant le corps à ses limites. Les travailleurs, soumis aux pressions les plus intenses découlant de certaines méthodes de gestion néolibérale, peuvent devenir victimes de harcèlement et de maltraitance salariale, allant parfois jusqu’au suicide. L’affaire France Télécom en 2008 en est un témoignage indéniable.
La pression vient faire (é)preuve à chaque passage sous la presse de la transformation de l’image. La matrice, la matière sont constamment retravaillées à chaque tirage tandis que l’image corporelle s’estompe pour finalement disparaître progressivement.
Sandra LUCBERT, Personne ne sort les fusils, Édition Seuil, Collection Fiction & Cie, 2020
De mai à juillet 2019 se tient le procès France Télécom – Orange. Sept dirigeants sont accusés d’avoir organisé la maltraitance de leurs salariés. Parfois jusqu’à la mort.
On les interroge longuement, leur fait expliquer beaucoup. Rien à faire : ils ne voient pas le problème. Le P-DG a un seul regret : « Cette histoire de suicides, c’est terrible, ils ont gâché la fête. »
Il y avait donc une fête ? Parlons-nous la même langue ?