Depuis longtemps, je me suis interrogé sur les incompréhensions et les absurdités sociétales qui m’entourent, souvent en lien avec mon expérience en tant qu’artiste professionnel. Ces réflexions m’ont amené à penser que ma liberté d’action était conditionnée, voire dissociée de ma personne. Le premier sentiment qui a émergé de ces réflexions a été celui de l’oppression, symbolisé par l’image d’un personnage emprisonné dans un cube. Cette allégorie représente le lien entre l’individu et la société, le système dans lequel nous évoluons. Les dimensions du cadre, du cube, créent une relation spatiale contraignante avec le corps, le limitant jusqu’à l’impossibilité de mouvement. Symboliquement, ce passage du statut de sujet en mouvement à celui d’objet inanimé incarne une forme de réification corporelle.
La réification est un processus par lequel les relations sociales entre les individus sont transformées en relations entre des objets, donnant ainsi l’illusion que les relations sociales sont des choses concrètes et naturelles. Ce concept, développé par Georg Lukàcs, signifie que les relations sociales prennent la forme de relations entre des objets. Par exemple, dans une société capitaliste, les relations entre les travailleurs et les employeurs sont souvent réifiées sous la forme d’une relation entre un employé et un contrat de travail, où la force de travail du travailleur est traitée comme une simple marchandise à échanger sur le marché du travail.
De manière critique, la réification conduit à l’aliénation, c’est-à-dire à la perte de conscience et de contrôle que les individus ont sur leur propre travail et sur les relations sociales auxquelles ils participent. Elle contribue également à la déshumanisation en traitant les êtres humains comme de simples objets ou ressources économiques.